450 ans après le massacre, cette question, cette interrogation se posent … C’est le thème qui a été retenu cette année pour l’Assemblée du Désert à Mialet.
Pour me préparer au sujet j’ai entrepris la lecture d’un livre que je vous recommande : « Tous ceux qui tombent : Visages du massacre de la Saint-Barthélemy », Jérémie Foa, La Découverte, 2021.
C’est l’histoire rarement décrite, observée par le bas, à la rencontre de vies minuscules. L’auteur pose la question du « pourquoi des hommes ordinaires ont-ils pu soudain égorger leurs voisins de toujours ».
Pour ce faire, Jérémie Foa puise dans les archives notariales qui ont laissé de nombreuses traces du massacre à travers inventaires, actes de décès, héritages, etc. Il utilise aussi les sources judiciaires, les registres d’écrou, et les témoignages de contemporains.
Il sort de l’oubli ces centaines de victimes, les petits, les anonymes, les obscurs, jetés au fleuve ou mêlés à la fosse, à jamais engloutis, massacrés par des voisins de proximité.
Pour élucider des crimes, dont on ignorait jusqu’à l’existence, il abandonne les palais pour les pavés. Car à descendre dans la rue, on croise ceux qui ont du sang sur les mains, on observe le savoir-faire de la poignée d’hommes responsables de la plupart des meurtres. Sans avoir été prémédités, le massacre était préparé de longue date. Au fil de vingt cinq enquêtes, Jérémie Foa retrouve les victimes et leurs tueurs : épingliers, menuisiers, rôtisseurs de la Vallée de la Misère, tanneurs d’Aubusson et taverniers de Maubert, vies minuscules emportées par l’évènement.
La lecture de cet ouvrage nous entraîne dans l’enquête menée par l’auteur avec ses émotions, ses réflexions, sa méthode, en échafaudant devant nous des hypothèses, en imaginant des scénarios, faisant partager son enthousiasme, ses déceptions, avouant même ses échecs.
Merci à lui de nous passionner pour ce temps de l’histoire si sombre.
Jérémie Foa est maître de conférences HDR en histoire moderne à Aix-Marseille université (laboratoire TELEMMe). Il a récemment publié, avec Pochep, Sacrées guerres. De Catherine de Médicis à Henri IV (« Histoire dessinée de la France », La Revue Dessinée/La Découverte).
N.B. : ce texte reprend quelques phrases de la page 4 de couverture de l’ouvrage et s’inspire de la recension faite par Marianne Carbonnier-Burkard dans le numéro 1 du tome 7, 2022, de la Revue d’histoire du protestantisme.
Jean-Claude Déaux